Voici mon premier billet sur l’ingénierie système. Plutôt que d’entrer dans le vif du sujet, sans doute qu’une petite introduction sur l’ingénierie système et ses bienfaits attendus et entendus serait plus appropriée.
Je ne vais pas vous faire une introduction formelle et complète sur l’ingénierie système. Pour cela vous avez Wikipedia ou encore l’association de référence en France, l’AFIS affiliée à l’association de référence mondiale, l’INCOSE. Ces organismes normalisent et fournissent également des formations diplômantes et reconnues dans le milieu. Voilà pour l’écosystème.
Personnellement je n’ai aucune de ces formations et ne connais pas ces milieux. Ma formation Ingénierie système, je l’ai eu, comme beaucoup, en prenant part à des projets très complexes (système de navigation Airbus A400M, inverseur de poussée électrique, etc.) sur lesquels l’approche ingénierie système s’était révélée inévitable, efficace et salvatrice. Il existe certainement de très bonnes formations diplômantes en ingénierie système mais je n’ai à ce jour rencontré aucun ingénieur provenant de ces filières. Je m’engage un peu mais je pense que cela tient au profil très complet et transverse requis pour l’être qui rend l’ingénieur système rare. On naît à mon avis autant ingénieur système qu’on le devient. En cause : l’essence même de la discipline.
Si vous effectuez une recherche sur Google, la première chose qui ressort, c’est le cycle en V.
C’est vrai, l’ingénierie système va vous permettre de gérer le cycle en V.
Mais l’ingénierie système c’est surtout selon moi la discipline holistique par excellence. Celle qui rassemble les autres disciplines. Lorsque les projets deviennent complexes, multi-disciplinaires, multi-contraintes, il faut un chef d’orchestre. L’ingénierie système va rassembler autour d’objectifs communs et va s’assurer que la partition soit respectée tout au long du développement. Un chef de projet me direz-vous ? C’est un peu plus que cela en fait, en tous cas dans la définition. L’ingénierie système va plus loin que la gestion du planning, des actions, des risques. L’ingénieur système va architecturer, spécifier puis s’assurer du liant continu entre les besoins émis par le client et les éléments qui vont composer le système. Il est le garant de la cohérence d’ensemble du point de vue technique.
(Pour lire ce graphique, il faut comprendre qu’à l’étape « Concept », vous avez dépensé 8% mais dans le même temps vos décisions ont déjà impacté 70% du coût final projet)
Pour réussir, voici les capacités dont devra s’armer (entre autres) l’ingénieur système :
- Une bonne dose d’humain et d’écoute pour assimiler les contraintes de toutes les parties prenantes,
- Une bonne technique culture technique générale pour bien comprendre ce qui se joue au niveau des différentes disciplines,
- Une bonne dose de synthèse pour fournir la « big picture » nécessaire a un bon pilotage et de bonnes décisions, sur la base d’une remontée d’information,
- Une bonne capacité à communiquer pour pouvoir faire passer des messages à tous les niveaux,
- Une capacité d’abstraction pour appréhender les problèmes au bon niveau de détails et de complexité et naviguer du détail technologique composant jusqu’aux besoins très haut niveau des clients,
- Une bonne dose d’analyse pour identifier les risques, pour optimiser les architectures, etc. malgré la complexité ambiante,
- Une bonne dose de coordination pour pouvoir transmettre les directions, s’assurer que l’ensemble des parties va dans la même direction.
C’est parce que toutes ces capacités doivent être réunies en une personne que l’ingénieur système est rare.
En synthèse, les bénéfices attendus de l’ingénierie système sont une amélioration de la qualité finale, de la productivité et de la satisfaction client par l’atteinte de ses objectifs. En fait, pour en revenir au lien avec le chef de projet, l’ingénierie système est le biais principal par lequel le chef de projet va assurer son trio pilotage Qualité/Coût/Délais, et ceci d’autant plus que le projet est complexe (industriellement, humainement, techniquement, etc.).
A suivre, de nombreux exemples pour illustrer tout cela.
Pour aller plus loin sur la valeur de l’ingénierie système, voici un rapport de l’INCOSE.
[…] billet pour compléter l’ingénierie système, qu’est-ce que c’est et pourquoi?. J’y avais évoqué la pensée système. Je vais ici vous en dire plus, mais […]
[…] Vous vous rappelez qu’en ingénierie système, on suit généralement le cycle de développement en V. Vous vous rappelez également que l’ingénierie système est le chef d’orchestre de plusieurs sous-champs d’ingénierie, ou bien de plusieurs sous-composants qui mis en commun réalisent le système. C’est bien la conformité des composants au besoin spécifié qui mis en commun vont assurer la conformité du système. […]
[…] nous l’avons vu dans mon premier article, l’ingénierie système applique un effort conséquent au début du cycle en V car c’est là […]
[…] L’ingénierie Système – qu’est-ce que c’est et pourquoi? […]