Avec Aras Innovator devenant de plus en plus connu, notamment par la présence depuis septembre dernier d’une représentation de l’éditeur en France, La solution se retrouve de plus en plus dans des compétitions d’éditeurs avec Dassault, Siemens, PTC, Audros, Lascom,…. L’analyse un peu grossière de la compétition se résume pour Aras à : On a moins de fonctionnalités métiers natives, mais on est plus flexible et le fonctionnement des customisations est garanti lors des mises à jour. Alors lorsque le prospect en vient à faire la comparaison économique, chaque intégrateur/editeur se compare aux autres pour essayer d’apporter les avantages concurrentiels effectifs pour le prospect en oubliant souvent qu’un des concurrents non officiel de la sélection porte le nom de « Débrouille ».

L’évaluation de l’offre

On vient à se poser la question du PLM pour différentes raisons (attention je parle bien du PLM et non du PDM qui a un calcul du ROI plus simple lorsqu’il s’agit d’automatiser certaines méthodes de gestion de fichiers CAO que l’on compare alors au temps passé par x dessinateurs collaborant sans solution). Soit on a des personnes convaincues du bien fondé de la démarche, soit une expérience de l’entreprise (problème qualité, légal, problème de gestion de données avec impact important sur une affaire,etc) a amené les responsables de l’entreprise à s’outiller pour corriger le problème. On peut aussi y venir dans le cadre de projets d’amélioration continue, mais si la conclusion d’un atelier lean est de dire qu’il faut une solution PLM, il faut encore remonter dans l’organisation pour avoir une vue assez large des besoins.

Lorsque la comparaison des solutions atteint une certaine étape, que les coûts ont été présentés, il arrive que l’entreprise n’ait pas rassemblé assez de cas d’emploi et de potentiels retours sur investissement pour être convaincue de devoir s’équiper. Alors vient la remarque du décideur (qui peut aussi être une technique d’acheteur): « On s’en est bien sorti jusqu’à maintenant, l’investissement est-il primordial? ».

Dans ce cas il y a deux raisons possibles à cette remarque:

  • L’offre est trop chère
  • L’évaluation du Retour sur Investissement est trop faible

Si l’entreprise ne donne suite à aucune des offres, quelles sont les alternatives?

Le non-PLM

Le non-PLM, c’est tout simplement tout ce qui va se passer après le refus d’investissement dans une solution PLM. On va revenir sur les points qui ont amené à se poser la question plus large du PLM et on va essayer de voir ce que l’on peut améliorer pour éviter les erreurs. Il y a un grand nombre de processus de gestion de données qui reposent souvent sur la responsabilité des personnes. On va alors sûrement rajouter des étapes de validation ou sensibiliser les utilisateurs sur certains aspects de saisie de donnée.

Risques

  • Ne pas apporter de solution aux utilisateurs est risqué dans un monde industriel qui demande plus de productivité tout en apportant toujours plus de données dans les mains des utilisateurs (voir le concept de small-data dans l’article précédent). Mais encore une fois, il faut comparer ces risques à l’expérience de l’entreprise. Quels ont été les problèmes de gestion de données ces dernières années / quelle est l’évolution du volume de données traité et sa criticité?

Avantages

  • Faire des « économies » à très court termes.

le PLM multi-fonctionnalités

L’autre stratégie que j’ai pu voir, qui contrairement à la précédente prend bien le pas du PLM mais sans l’investissement initial de la solution dite PLM, c’est la stratégie du multi-outils pour fabriquer son propre environnement PLM. Ici, je parle plus d’une décision de la part des responsables IT de fournir des solutions non intégrées à priori, qui au finale proposent de plus en plus d’intégrations. Les utilisateurs ont besoin d’une solution d’édition collaborative de document, de workflows, de gestion de forum, de discussions, de grilles,… Il est possible alors d’aller chercher une solution pour chaque problème tout en ajoutant bien dans les grilles d’évaluation une pondération importante sur la capacité d’intégration de chaque outil.

PLMenv2

Risques

  • Se rendre compte que le coût dépasse à un moment celui d’une solution PLM (je ne dis pas que ce sera forcément le cas).
  • Multiplier les technologies et ainsi rendre les choses plus compliquées lorsqu’il s’agit de maintenir ces applications. Il est alors bon de miser sur un support externalisé tel que disponible sur les solutions cloud.
  • Rencontrer des difficultés d’intégration entre les solutions.

Avantages

  • Avoir un support plus spécialisé sur chaque solution
  • Profiter de plusieurs communautés d’utilisateurs

La solution hybride progressive

La solution intermédiaire, qui va consister à prendre les problématiques utilisateurs en continue, sera de miser sur une étude de l’existant et un remplacement progressif des solutions. Attention, il ne s’agit pas de prendre un département et de commencer à travailler dessus avec des œillères pour ne pas voir le reste de l’entreprise. Il s’agit dans un premier temps de faire une évaluation des besoins technologiques qu’ils va falloir prendre en compte avant d’attaquer l’analyse par atelier. Elle se rapproche de descriptions que j’ai faites sur le PLM dans le passé en découpant une couche de master data, une couche de services et ensuite des outils métiers. C’est en général une démarche plus technique que la précédente avec une forte position de fournisseur de service par l’IT sur la base d’un référentiel central d’outils. Si la démarche précédente apportait des réponses aux utilisateurs pour des requis fonctionnels (je veux gérer des documents, je veux gérer un workflow,…), cette démarche hybride tient à apporter des réponses à des requis métiers.

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Risques

  • Si l’évaluation initiale n’est pas réalisée de façon assez large on risque de faire des choix lors d’un atelier, qui ne seront pas applicables pour un autre et on conservera une hétérogénéité des systèmes.

Avantages

  • le remplacement progressif de systèmes qui permettront d’avoir une analyse plus claire sur la pertinence d’une solution PLM plus tard.
  • La mise à disposition d’un annuaire de service et de données pour l’entreprise.

Au final, le but pour moi n’est pas de dire que ces solutions sont moins coûteuses qu’une solution PLM actuelle du marché. C’est surtout d’illustrer les alternatives que les industriels peuvent explorer lorsqu’ils sont face à des propositions commerciales importantes pour ces solutions PLM. A moyen termes, ces propositions peuvent peut-être s’avérer plus coûteuses, elles sont leurs avantages et leurs inconvénients qu’il faudra évaluer par rapport aux équipes présentes dans l’entreprise sur les années à venir.

Posted by Yoann Maingon

Consultant PLM avec des expériences autant côté métier que dans l'implémentation technique de solutions PLM et d'intégrations de systèmes, je partage avec vous mes expériences, mes recherches et mes développements à travers ce blog.